Laury Zioui au sujet de la fermeture de l’Eveil des Sens

4 mars 2020

Information déconcertante, la nouvelle tombée en fin d’après-midi de ce 3 mars, en a surpris plus d’un. L’Eveil des Sens, emblématique restaurant de la région carolorégienne, ferme définitivement ses portes ce dimanche 8 mars.

A la surprise générale, Laury et Nadia Zioui déposeront le bilan de l’Eveil des Sens (Montigny-le-Tilleul) restaurant qu’ils tenaient - lui, chef en cuisine, elle, sommelière en salle - depuis près de deux décennies. Un restaurant apprécié des nombreux clients fidèles du dynamique couple comme des médias, journalistes spécialisés, chroniqueurs et autres inspecteurs de guides gastronomiques.

En témoignent, l’étoile au Guide Michelin et la cote de 17/20 au Gault&Millau.

Le chef, que nous connaissons depuis bien plus de 20 ans et que nous avons appelé dans l’après-midi, a accepté de nous éclairer sur cette décision plus que surprenante.

Mini interview entre deux services :

Vous venez d’annoncer la fermeture de l’Eveil des Sens après 19 ans d’existence et une réputation qui n’est plus à faire. Qu’est ce qui a motivé votre décision ?

Avec Nadia, mon épouse mais aussi avec notre comptable, notre avocat, nous avons beaucoup réfléchi à notre situation, tant personnelle que professionnelle. La conjoncture actuelle est très difficile. Les charges d’un tel restaurant, les contraintes salariales avec 5 à 6 temps pleins à assumer, sont lourdes, pour nous comme pour tout le secteur. Mais là, nous étions à un point où il fallait prendre une décision.

Vous avez décidé de déposer le bilan mais aussi de quitter la profession ?

Non pas du tout, c’est notre métier et nous n’avons pas l’intention de nous arrêter ici. A 60 ans, je dois juste penser à envisager le métier autrement, plus calmement et être attentif à ma santé. De même pour Nadia qui, comme vous le savez, est reconnue comme très bonne sommelière et qui n’hésitera pas à prendre un poste similaire dans le secteur. Nous sommes disposés à travailler ailleurs en nous allégeant des responsabilités et des charges trop lourdes qu’entraînent une telle entreprise. Si l’on me propose un poste dans un autre restaurant ou de chef exécutif dans un hôtel, par exemple, je serais assez tenté. Nous allons juste prendre un peu de repos, attendre que les choses se calment après la fermeture.

Seriez-vous prêt à envisager d’aborder le métier autrement ? Avec un autre concept et peut-être même avec l’aide d’investisseurs ?

Oui, bien sûr. Je ne suis pas fermé à d’autres approche, d’autres concepts. D’ailleurs, je suis impressionné d’avoir déjà eu beaucoup d’investisseurs qui m’ont appelé suite à l’annonce de la fermeture. Il ne serait pas exclu de faire tout autre chose mais seulement après avoir pris du recul, après la fermeture de dimanche.

Vous avez tiré une sonnette d’alarme, attiré l’attention sur la situation si complexe du secteur de la haute gastronomie aujourd’hui. En quelques heures, vous avez enclenché une réaction assez importante du secteur, des collègues, de la presse. Est-ce là un signe d’empathie, de compréhension d’une situation que beaucoup vivent et subissent ?

Oui, certainement. Beaucoup de collègues m’ont appelé cet après-midi. J’ai eu des coups de fils d’autres chefs comme Philippe Fauchet, Alexandre Dionisio et même Jean-Pierre Bruneau. Cela m’a impressionné mais aussi réconforté. Cela montre qu’il existe une vraie solidarité, une compréhension évidente de la situation. Les collègues comme les investisseurs m’ont donné tout leur soutien, cela nous aidera à aller jusqu’à dimanche soir en fournissant encore quelques beaux services à notre clientèle. Ensuite, après un peu de recul, nous serons prêts à aborder notre vie professionnelle différemment et je suis certain que nous serons bien aidés.

Mais que cela ne vous empêche pas de faire circuler l’info de ma disponibilité comme de celle de Nadia !