Arabelle Meirlaen
Interview
Qui sont vos parrains ?
Frank Fol
Robert Van Duüren
Avez-vous toujours su que vous deviendrez cuisinière ?
Non, pas du tout. J’avais commencé des études de stylisme et de couture, j’aimais bien tout ce qui touchait à la création. Quand nous avons déménagé, mes parents ont dit que les filles cuisinaient bien, et que les garçons seraient électromécaniciens. Nous sommes des enfants de fermiers, c’était un peu comme cela, à l’ancienne. Mais j’ai maintenu mes choix et je me suis inscrite à l’Ecole hôtelière de Libramont.
Où avez-vous appris votre métier ?
Au départ, je dois avouer que je n’aimais pas trop, mais quand j'ai commencé à faire des extras, j’ai trouvé cela super chouette, il y avait une bonne ambiance. Je préférais la salle à la cuisine, j’ai d’ailleurs fait tous mes stages en salle, jamais en cuisine. J’ai ensuite travaillé pour un traiteur qui m’a excessivement exploitée au niveau des horaires. On était payés au forfait à l’époque, on avait des cacahuètes pour six jours semaine, non-stop, du matin au soir. Je faisais un peu de tout, de la salle et de la cuisine, mais principalement la cuisine. J’ai beaucoup appris et j’aimais bien l’organisation en fait. On faisait énormément de banquets et de mariages.
Pour finir, j’ai vu un petit restaurant à reprendre et je me suis dit, « si c’est pour le faire pour lui, autant le faire pour moi… ». Cela a été dur de l’avoir mais le banquier a fini par accepter un financement minimal et j’ai dû tout acheter au fur et à mesure. Je voulais avoir un cuisinier, car j’étais plus dans l’événementiel. Si vous n’êtes pas maître de la cuisine, vous n’êtes pas maître chez vous. Je suis donc passée en cuisine. Je voulais faire une cuisine spéciale, différente des autres.
Comment décrivez-vous votre cuisine ?
Ma maman est décédée jeune, elle avait des problèmes cardiaques, mon frère aîné aussi, et donc manger sainement m’a toujours interpellée. J’ai envie de vieillir en bonne santé et je me suis beaucoup intéressée à l’alimentation vive, qui nous fait du bien, pour ne pas dépendre de médicaments, pour être en forme, vivre et être de bonne humeur. J’ai alors commencé avec l’herboristerie, j’ai aussi suivi beaucoup de conférences sur la médecine chinoise et l'ayurvéda.
Ma curiosité m’a amenée à une cuisine assez intuitive, très créative, vraiment personnelle. Cette recherche est devenue une passion, cet équilibre de la vie, de manger de tout et d’utiliser des techniques ancestrales pour que l’alimentation soit très digeste. A la limite, je ne devrais même pas expliquer ce que je fais. Les gens mangent chez moi et cela les touche, ils ont parfois les larmes aux yeux. Ils se sentent bien après avoir mangé. C’est ce que je voulais obtenir.
Qui sont vos modèles ? Qui admirez-vous dans la profession ?
J’aime les chefs qui ont leur philosophie, leur style. Par exemple, ceux que j’ai fait au début quand je me suis lancée : Celler de Can Roca à Girone, tous ceux de San Sebastian – j’y étais pour un congrès de chefs où les chefs expliquaient leurs plats-signature, c’était exceptionnel. La cuisine de Michel Bras, qui est assez nature, m'a parlé, car je me suis vue dans la mienne. Irène Grosjean, Paul Grégoire…
Que signifie pour vous rejoindre l'association ?
Ce qui est très intéressant, c’est de croiser les collègues, d’échanger, de voir ce qu’ils font, assister aux événements. Apprendre à se connaître aussi, on n’a pas toujours l'occasion de bouger et de se voir. C’est un soutien dans tous les domaines.